Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
LA CULTURE DU TABAC DE SUMATRA AU CAMEROUN 139
plus gros et de bois durs nécessaires pour les constructions à éle- ver sur la plantation.
Le travail de déboisement par ces équipes est mené rapidement au milieu des cris et de la joie de voir disparaître le sous-bois en premier lieu, puis les grands arbres qui s'effondrent avec fracas.
L'indigène a l'art particulier d'abattre sans discernement et quand on lui demande ce travail de déboisement, il le fait avec une réelle satisfaction et le poursuit avec ardeur.
Sous le heurt des haches et des coupe-coupe, il se forme un amoncellement énorme qui ne pourra être réduit que par le feu.
a Le déboisement doit s'effectuer dès le début de la saison sèche, c'est-à-dire en novembre et décembre. Après un ou deux mois, grâce à l'action du soleil, le sous-bois prend feu aisément, embra- sant l'espace abattu, réduisant la moindre futaie en cendres. Les arbres plus gros et que la flamme a légèrement léchés sont alors repris par les scieurs de long qui les exploitent sur place. A cet effet, un trou d'homme rectangulaire, de lm,50 de profondeur, est établi devant le nez de la bille, et un homme perché sur elle, pendant que l'autre est dans le trou, tire la scie dans le but d'ex- ploiter des chevrons ou de longues planches qui seront employées pour les constructions de la plantation (maison d'habitation, piliers ou tra-verses de séchoirs, planchers de fermentation), imitant en cela' nos scieurs de longs, qui tirent au-dessus et en dessous de leur chevalet.
Les plus jolis arbres seront conservés de loin en loin et dans nos régions du Cameroun, le Bang ou chêne d'Afrique (Chloro- phoraexcelsa), le Njabi ou faux acajou (Mimusops Djave) seront du nombre.
Les gros arbres, les fromagers par exemple, ne pourront être abattus que par l'amoncellement des matières non brûlées autour de leur base et un feu long, mais continu, en aura raison avec le temps.
En répétant différentes fois après ramassage cet incendie et en créant des foyers autour des géants de la forêt, on arrivera, de proche en proche, à obtenir un terrain à peu près net qui ne sera plus tourmenté que par de nombreux troncs couchés, dont le temps aura seul raison, et dans lesquels la première année on sera obligé d'établir de véritables escaliers quand ils se trouveront sur les chemins de ronde, afin de faciliter le passage.
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