Presse et revues
32 pages
Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-01-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 janvier 1902 20 janvier 1902
Description : 1902/01/20 (A6,N93,T10). 1902/01/20 (A6,N93,T10).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63780611
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
42 REVUE DES CULTURES COLONIALES
que les cannes nouvelles soient en peu d'années atteintes par les mêmes mala-
dies par suite d'une nouvelle adaptation de celles-ci. C'est contre ces maladies
qu'il faut lutter et contre l'épuisement du sol. La solution que nous proposons
nous paraît suffisamment efficace, puisque, par la rotation avec l'indigo, le ren-
dement de la Bourbon a presque atteint les bons rendements des nouvelles
cannes. Nous ne voulons pas dire par là qu'il faille rejeter ces dernières. Au
contraire, il y a lieu de faire de nouvelles expériences où on les cultivera égale-
ment en rotation; peut-être aura-t-on des rendements encore plus élevés. Mais
nous posons en principe que si les cannes nouvelles sont cultivées en monocul-
ture comme les anciennes, les bons rendements actuels ne se maintiendront pas,
malgré les doses croissantes d'engrais chimique. C'est là un point d'une impor-
tance capitale et sur lequel nous ne saurions trop insister.
Le hasard a voulu que l'expérience de 1894 à Grand'Rivière, faite alors sur
38 ares seulement, ait été reprise en 1900 et sur plusieurs hectares, par suite d'un
changement de destination de la propriété qui était cultivée en indigo depuis une
dizaine d'années. Une grande partie des terres plantées en indigo, environ
huit hectares, fut plantée en cannes Bourbon, les plantations furent faites en
mars, avril, mai; treize mois après, la récolte commençait et les rendements de
l'expérience de 38 ares se reproduisaient et arrivaient à une moyenne de
125.000 kilogrammes à l'hectare. Cette moyenne a été calculée d'après le rende-
ment des cannes en sucre et en alcool. Aucun paillis d'indigo, ni aucun engrais
soit minéral, soit de parc, n'avait été employé ; c'était simplement le produit de
l'assolement.
Les dépenses de culture avaient été plutôt faibles cette fois encore, car les
cannes n'ont eu besoin que de quatre sarclages et deux épaillages. Comme elles
- n'ont pas eu d'engrais, elles sont restées dans la moyenne ordinaire des dépenses
à l'hectare, en compensant partiellement la dépense d'engrais par le surplus de
dépenses de récolte occasionné par le surcroît de production, soit entre 7 et
800 francs à l'hectare. La tonne de cannes est donc revenue à une moyenne com-
prise entre 5 fr. 60 et G fr. 40. *
Cette constatation se trouve encore confirmée cette année par la pousse des
premiers rejetons qui sont aussi beaux et promettent une récolte aussi abon-
dante. Il est évident que c'est là l'exploitation idéale, là où elle est possible,
capable de supporter toutes les crises, soit du sucre, soit de l'indigo.
-i
.< III
Dans ce qui précède, nous n'avons envisagé que la canne, et l'indigo n'est inter-
venu que comme légumineuse améliorante. Il y a lieu d'examiner maintenant le
côté industriel. Nous emprunterons ces nouveaux arguments à une étude de
M. Haller, le savant professeur de chimie industrielle à la Sorbonne (1).
nourriture. » Il se sert surtout de fumier de ferme additionné d'engrais. Il n'emploie jamais l'en-
grais seul. Ce cultivateur, depuis qu'il travaille, n'a jamais enlevé les pailles de ses champs; il les
enfouit, ou les laisse pourrir sur place, et est arrivé de cette façon à refaire des terres autrefois
incultes et aujourd'hui de bonne qualité. Cet habitant ne se sert pas de la charrue et plante ses
cannes dans des trous dits mortaises, comme les anciens. En un mot, il s'applique à faire produire
beaucoup au terrain, dans l'espace le plus restreint possible, partant avoir peu de main-d'œuvre.
Il s'enrichit alors que les autres se ruinent. »
(1) L'indigo naturel et l'indigo artificiel. Revue Générale des Sciences, 1901, n's 6 et 7.
1
que les cannes nouvelles soient en peu d'années atteintes par les mêmes mala-
dies par suite d'une nouvelle adaptation de celles-ci. C'est contre ces maladies
qu'il faut lutter et contre l'épuisement du sol. La solution que nous proposons
nous paraît suffisamment efficace, puisque, par la rotation avec l'indigo, le ren-
dement de la Bourbon a presque atteint les bons rendements des nouvelles
cannes. Nous ne voulons pas dire par là qu'il faille rejeter ces dernières. Au
contraire, il y a lieu de faire de nouvelles expériences où on les cultivera égale-
ment en rotation; peut-être aura-t-on des rendements encore plus élevés. Mais
nous posons en principe que si les cannes nouvelles sont cultivées en monocul-
ture comme les anciennes, les bons rendements actuels ne se maintiendront pas,
malgré les doses croissantes d'engrais chimique. C'est là un point d'une impor-
tance capitale et sur lequel nous ne saurions trop insister.
Le hasard a voulu que l'expérience de 1894 à Grand'Rivière, faite alors sur
38 ares seulement, ait été reprise en 1900 et sur plusieurs hectares, par suite d'un
changement de destination de la propriété qui était cultivée en indigo depuis une
dizaine d'années. Une grande partie des terres plantées en indigo, environ
huit hectares, fut plantée en cannes Bourbon, les plantations furent faites en
mars, avril, mai; treize mois après, la récolte commençait et les rendements de
l'expérience de 38 ares se reproduisaient et arrivaient à une moyenne de
125.000 kilogrammes à l'hectare. Cette moyenne a été calculée d'après le rende-
ment des cannes en sucre et en alcool. Aucun paillis d'indigo, ni aucun engrais
soit minéral, soit de parc, n'avait été employé ; c'était simplement le produit de
l'assolement.
Les dépenses de culture avaient été plutôt faibles cette fois encore, car les
cannes n'ont eu besoin que de quatre sarclages et deux épaillages. Comme elles
- n'ont pas eu d'engrais, elles sont restées dans la moyenne ordinaire des dépenses
à l'hectare, en compensant partiellement la dépense d'engrais par le surplus de
dépenses de récolte occasionné par le surcroît de production, soit entre 7 et
800 francs à l'hectare. La tonne de cannes est donc revenue à une moyenne com-
prise entre 5 fr. 60 et G fr. 40. *
Cette constatation se trouve encore confirmée cette année par la pousse des
premiers rejetons qui sont aussi beaux et promettent une récolte aussi abon-
dante. Il est évident que c'est là l'exploitation idéale, là où elle est possible,
capable de supporter toutes les crises, soit du sucre, soit de l'indigo.
-i
.< III
Dans ce qui précède, nous n'avons envisagé que la canne, et l'indigo n'est inter-
venu que comme légumineuse améliorante. Il y a lieu d'examiner maintenant le
côté industriel. Nous emprunterons ces nouveaux arguments à une étude de
M. Haller, le savant professeur de chimie industrielle à la Sorbonne (1).
nourriture. » Il se sert surtout de fumier de ferme additionné d'engrais. Il n'emploie jamais l'en-
grais seul. Ce cultivateur, depuis qu'il travaille, n'a jamais enlevé les pailles de ses champs; il les
enfouit, ou les laisse pourrir sur place, et est arrivé de cette façon à refaire des terres autrefois
incultes et aujourd'hui de bonne qualité. Cet habitant ne se sert pas de la charrue et plante ses
cannes dans des trous dits mortaises, comme les anciens. En un mot, il s'applique à faire produire
beaucoup au terrain, dans l'espace le plus restreint possible, partant avoir peu de main-d'œuvre.
Il s'enrichit alors que les autres se ruinent. »
(1) L'indigo naturel et l'indigo artificiel. Revue Générale des Sciences, 1901, n's 6 et 7.
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