Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1923-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 novembre 1923 01 novembre 1923
Description : 1923/11/01 (A19,N71)-1923/12/31. 1923/11/01 (A19,N71)-1923/12/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32056777
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/03/2019
L’OCEANIE FRANÇAISE
99
Après la conférence impériale
et les élections anglaises
Londres et la Grande-Bretagne ont été depuis
trois mois le théâtre d’événements qui ne man
queront pas d’avoir leur répercussion jusqu’au
- sein du Pacifique par l’action qu’ils exerce
ront sur la politique des Dominions. C’est à
ce titre et sous cet angle que nous les exami
nerons.
La Conférence impériale qui s’est réunie à
Londres le 1 er octobre dernier présentera, dans
l’histoire, une importance exceptionnelle. Elle a
conduit en effet, en Angleterre, à des élections
générales qui se sont montrées fatales aux idées
et au parti qui les ont provoquées.
Alors que la Conférence de 1921 avait été
purement politique, celle de 1923 se sera sur
tout préoccupée de questions économiques. En
principe, elle comportait deux réunions: d’une
part, la Conférence impériale britannique, pré
sidée par le Premier anglais, M. Baldwin, et
composée des premiers ministres des cinq Do
minions: Australie, Nouvelle-Zélande, Canada,
Terre-Neuve, Afrique du Sud, ainsi que des
représentants de l’Inde et de l’Irlande; d’autre
part, la Conférence économique impériale, pla
cée sous la présidence de Sir Philip Lloyd
Greame, président du Board of Trade, et réu
nissant des conseillers spéciaux. Mais les pre
miers ministres ayant assisté aux séances de
cette dernière, il n’y eut, en fait, qu’une Con
férence.
Elle avait à son ordre du jour l’examen des
problèmes touchant la défense navale, militaire
et aérienne de l’empire, la direction de la poli
tique étrangère impériale, les questions se rap
portant aux communications interimpériales, en
particulier les transports et les communica
tions par T. S. F., l’organisation de l’émigra
tion à l’intérieur de l’empire; elle devait enfin,
et surtout, traiter le problème de l’exploitation
des ressources de l’empire et de la préférence
impériale en matière commerciale, dont l’acuité
résultait de la situation économique de la
Grande-Bretagne et des propositions de certains
Dominions.
Dans quelle disposition d’esprit les premiers
ministres des grands Dominions sont-ils venus
à la Conférence?
Les déclarations de M. Mackenzie King, chef
du gouvernement du Canada, avant son départ
pour l’Europe, avaient clairement fait entendre
que ce Dominion prendrait une attitude néga
tive à l’égard des problèmes qui allaient être
posés. Les raisons en sont aisées à compren
dre. Le Canada vit en excellents termes avec
la grande république américaine, sa voisine.
Il n’a personne à redouter. Il se soucie peu
de participer financièrement à des armements I
dont il ne ressent pas l’utilité. Quant à la pré
férence, le Canada a été le premier à l’instau
rer voilà vingt-cinq ans; il s’agissait alors,
comme aujourd’hui, de sauver l’Empire. Quel
en a été le résultat? La part du commerce bri
tannique sur le marché canadien qui était de
30 p. 100 en 1896, était descendue à 20 p. 100
en 1913, elle n’est plus cette année que de
17 p. 100. En outre, le Canada a désormais
une industrie naissante, déjà prospère, qu’il
entend protéger et développer.
Les sentiments de l’Australie étaient sensible
ment différents. Sa situation dans le Pacifique
lui fait désirer une union de plus en plus
étroite, de plus en plus intime des diverses
parties de l’Empire. Elle ne s’y sent pas en
sûreté. Aussi, la création de la base de Singa
pour eut-elle en elle un chaud défenseui’.
Comme le Canada, elle entendait toutefois ré
server sa liberté en matière de direction politi
que extérieure.
Au sujet des problèmes économiques, voici
quelles furent les déclarations de M. Bruce,
Premier d’Australie, devant la Conférence: « La
solution du problème du développement de
l’Empire dépend de trois facteurs: des hommes,
de l’argent, des marchés. Ces trois facteurs
sont interdépendants, et nous pensons que la
question capitale est celle des marchés: il est
tout à fait inutile de s’occuper d’immigration
au sein de l’Empire et de discuter des ques
tions de cet ordre, tant que nous n’aurons pas
réussi à trouver un marché pour la produc
tion qui résulterait d’une telle entreprise de
colonisation. » Ce marché, c’est dans le
Royaume-Uni que l’Australie comptait le trou
ver. L’Australie a refusé jusqu’ici de conclure
des traités de commerce avec divers pays.
M. Bruce insista pour un prompte solution du
problème économique, l’Australie ne pouvant
rester fidèle à sa politique d’union avec la
Grande-Bretagne que dans la mesure où sa pro
pre situation économique le lui permet.
La Nouvelle-Zélande montrait, par l’organe
de M. Massey, premier ministre, des vues ana
logues à celles du Commonwealth.
La Conférence s’est ajournée le 9 novembre,
après avoir tenu seize séances plénières. Nous
résumerons ses délibérations et leurs résul
tats touchant les problèmes qui nous inté
ressent.
En matière d’initiative politique, elle a décidé
que les Dominions pourront signer des trai
tés avec d’autres pays lorsque les obligations
envisagées ne concernent qu’eux-mêmes, mais
que, dans les cas où plusieurs parties de l’Em
pire sont intéressées, celles-ci devront signer
chacune séparément. Ce problème des rela
tions diplomatiques des Dominions avec les di
verses puissances, comme celui de l’action com
mune des Dominions sur le terrain de la diplo
matie et de la politique générale, reste toutefois
mal éclairci, et à peu près entier à élucider.
A propos des questions de défense impé-
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99
Après la conférence impériale
et les élections anglaises
Londres et la Grande-Bretagne ont été depuis
trois mois le théâtre d’événements qui ne man
queront pas d’avoir leur répercussion jusqu’au
- sein du Pacifique par l’action qu’ils exerce
ront sur la politique des Dominions. C’est à
ce titre et sous cet angle que nous les exami
nerons.
La Conférence impériale qui s’est réunie à
Londres le 1 er octobre dernier présentera, dans
l’histoire, une importance exceptionnelle. Elle a
conduit en effet, en Angleterre, à des élections
générales qui se sont montrées fatales aux idées
et au parti qui les ont provoquées.
Alors que la Conférence de 1921 avait été
purement politique, celle de 1923 se sera sur
tout préoccupée de questions économiques. En
principe, elle comportait deux réunions: d’une
part, la Conférence impériale britannique, pré
sidée par le Premier anglais, M. Baldwin, et
composée des premiers ministres des cinq Do
minions: Australie, Nouvelle-Zélande, Canada,
Terre-Neuve, Afrique du Sud, ainsi que des
représentants de l’Inde et de l’Irlande; d’autre
part, la Conférence économique impériale, pla
cée sous la présidence de Sir Philip Lloyd
Greame, président du Board of Trade, et réu
nissant des conseillers spéciaux. Mais les pre
miers ministres ayant assisté aux séances de
cette dernière, il n’y eut, en fait, qu’une Con
férence.
Elle avait à son ordre du jour l’examen des
problèmes touchant la défense navale, militaire
et aérienne de l’empire, la direction de la poli
tique étrangère impériale, les questions se rap
portant aux communications interimpériales, en
particulier les transports et les communica
tions par T. S. F., l’organisation de l’émigra
tion à l’intérieur de l’empire; elle devait enfin,
et surtout, traiter le problème de l’exploitation
des ressources de l’empire et de la préférence
impériale en matière commerciale, dont l’acuité
résultait de la situation économique de la
Grande-Bretagne et des propositions de certains
Dominions.
Dans quelle disposition d’esprit les premiers
ministres des grands Dominions sont-ils venus
à la Conférence?
Les déclarations de M. Mackenzie King, chef
du gouvernement du Canada, avant son départ
pour l’Europe, avaient clairement fait entendre
que ce Dominion prendrait une attitude néga
tive à l’égard des problèmes qui allaient être
posés. Les raisons en sont aisées à compren
dre. Le Canada vit en excellents termes avec
la grande république américaine, sa voisine.
Il n’a personne à redouter. Il se soucie peu
de participer financièrement à des armements I
dont il ne ressent pas l’utilité. Quant à la pré
férence, le Canada a été le premier à l’instau
rer voilà vingt-cinq ans; il s’agissait alors,
comme aujourd’hui, de sauver l’Empire. Quel
en a été le résultat? La part du commerce bri
tannique sur le marché canadien qui était de
30 p. 100 en 1896, était descendue à 20 p. 100
en 1913, elle n’est plus cette année que de
17 p. 100. En outre, le Canada a désormais
une industrie naissante, déjà prospère, qu’il
entend protéger et développer.
Les sentiments de l’Australie étaient sensible
ment différents. Sa situation dans le Pacifique
lui fait désirer une union de plus en plus
étroite, de plus en plus intime des diverses
parties de l’Empire. Elle ne s’y sent pas en
sûreté. Aussi, la création de la base de Singa
pour eut-elle en elle un chaud défenseui’.
Comme le Canada, elle entendait toutefois ré
server sa liberté en matière de direction politi
que extérieure.
Au sujet des problèmes économiques, voici
quelles furent les déclarations de M. Bruce,
Premier d’Australie, devant la Conférence: « La
solution du problème du développement de
l’Empire dépend de trois facteurs: des hommes,
de l’argent, des marchés. Ces trois facteurs
sont interdépendants, et nous pensons que la
question capitale est celle des marchés: il est
tout à fait inutile de s’occuper d’immigration
au sein de l’Empire et de discuter des ques
tions de cet ordre, tant que nous n’aurons pas
réussi à trouver un marché pour la produc
tion qui résulterait d’une telle entreprise de
colonisation. » Ce marché, c’est dans le
Royaume-Uni que l’Australie comptait le trou
ver. L’Australie a refusé jusqu’ici de conclure
des traités de commerce avec divers pays.
M. Bruce insista pour un prompte solution du
problème économique, l’Australie ne pouvant
rester fidèle à sa politique d’union avec la
Grande-Bretagne que dans la mesure où sa pro
pre situation économique le lui permet.
La Nouvelle-Zélande montrait, par l’organe
de M. Massey, premier ministre, des vues ana
logues à celles du Commonwealth.
La Conférence s’est ajournée le 9 novembre,
après avoir tenu seize séances plénières. Nous
résumerons ses délibérations et leurs résul
tats touchant les problèmes qui nous inté
ressent.
En matière d’initiative politique, elle a décidé
que les Dominions pourront signer des trai
tés avec d’autres pays lorsque les obligations
envisagées ne concernent qu’eux-mêmes, mais
que, dans les cas où plusieurs parties de l’Em
pire sont intéressées, celles-ci devront signer
chacune séparément. Ce problème des rela
tions diplomatiques des Dominions avec les di
verses puissances, comme celui de l’action com
mune des Dominions sur le terrain de la diplo
matie et de la politique générale, reste toutefois
mal éclairci, et à peu près entier à élucider.
A propos des questions de défense impé-
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