Titre : Revue française d'Outre-mer
Éditeur : A. Challamel (Paris)
Date d'édition : 1939-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344252672
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1939 01 janvier 1939
Description : 1939/01/01 (A43,N762)-1939/01/31. 1939/01/01 (A43,N762)-1939/01/31.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32016577
Source : CIRAD, 2018-237423
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2019
.1 ANVIKH 1939 — LA REVUE FRANÇAISE D’OUTRE-MËTt
préparé de longue main car tout au long de ces
semaines de gestation, la même contradiction s’esl
fréquemment fait jour dans les divers journaux
allemands. Tandis que les « vieux journaux », ceux
d’avant 11)14, la Koelnisclie ou la Frankfurter Zei-
tnng par exemple, spécialement destinés aux lec
teurs étrangers et surtout britanniques, marquaient
parfois une extrême froideur pour les revendica
tions italiennes, les journaux du parti, Voelkischer
Beobachter en tète, prenaient à leur compte la
cause du Comte Ciano. Tout dernièrement ce jour
nal comparait la France à Carthage. Mais de même
que les "services de propagande allemands éprou
vèrent, dit-on, le besoin d’atténuer la phrase du
chef, de même, à la veille de son discours, le
Beobachter nous expliqua qu’il ne fallait pas
prendre en trop mauvaise part sa comparaison
punique.
Tout cela est d’autant plus troublant que les pas
sages « clairs » du discours hitlérien ne sont pas
moins contradictoires : d’une part on affirme que
la question du retour des colonies allemandes au
Reich ne saurait, à elle seule, provoquer une
guerre, mais de l’autre on n’en affirme pas moins
que les « inégalités » qui ne seront pas corrigées
de bon gré le seront par la force.
Il est infiniment probable que toutes ces ma
nœuvres insolites n’ont d’autre but que de nous
« allécher ». On continue à menacer, mais on veut
nous faire comprendre que les dés de fer ne sont
pas encore jetés, s’ils sont sur le point de l’être,
qu’il y a encore une possibilité d’échapper à la ca
tastrophe, que si nous faisions preuve d’un peu de
« bonne volonté », d’un peu de « réalisme », tout
pourrait encore s’arranger. On escompte ainsi, en
travaillant nos nerfs, diviser notre opinion, diviser
l’opinion anglaise, nous fatiguer, nous excéder...
Eh quoi? Faire la guerre pour le Cameroun? Faire
la guerre pour Djibouti ? Alors que les Allemands
paraissent si prêts de s’entendre définitivement
avec nous ? Ne serait-ce pas une folie ? Une confé
rence internationale (où la France aurait tout à
perdre puisqu’elle est défenderesse), permettrait à
l’Europe de sortir du cauchemar...
Seulement rien n’est jamais définitif avec un
peuple dynamique. Le Cameroun et Djibouti, aug
mentés de toutes les anciennes colonies allemandes
et encore de la Corse et de la Savoie et même de la
Bourgogne ne résoudraient pas le problème. Tous
ces territoires, en effet, ne suffiraient pas à nour
rir les innombrables millions d’Allemands et d’Ita
liens. Le Fuhrer lui-même prend, soin de nous en
avertir et ce n’est pas là, la moindre de ses contra
dictions : Dieu, nous dit-il, n’a pas créé des peu
ples destinés à être riches et d’autres destinés à
iester pauvres; richesse et pauvreté ne sont qu’une
question de force. Dès lors à quoi bon se donner
tant de peine pour tenter d’établir de mauvais
droits ? A quoi bon, si ce n’est à « travailler » les
opinions des pays démocratiques qui ne savent pas
encore qiie « l’artichaut demande à être mangé
feuille à feuille ? »
L'unique question est donc de savoir si nous
sommes ou non assez forts. Si oui, on nous laissera
tranquilles; si non, nous sommes condamnés à
périr.
L’unanimité française
Cette force française s’affirme chaque jour da
vantage. Qu’il s’agisse de l’imposante manifestation
organisée à Douala, le 8 janvier, par la jeunesse
Camerounaise afin de réclamer VA nscbluss du Ca
meroun à la France, qu’il s’agisse du triomphal
voyage de M. Daladier qui devait plonger dans
la stupéfaction les journalistes étrangers témoins
du déchaînement de l’enthousiasme indigène —
voyage sur lequel tout a été dit — qu’il s’agisse
enfin de nos partis politiques ou de nos jour
naux (1), si ardents à s’entre-déchirer, tous, à
l’unanimité de leurs 609 représentants à la Cham
bre, sont d’accord sur un point : la France ne veut,
ni ne peut céder à la menace une seule parcelle de
son territoire; car elle sent instinctivement que
c’est à son existence qu’on en veut et que toute
cession aurait pour principale utilité de préparer
et de rendre fatal un démembrement ultérieur.
Notre position est des plus claires, partant, des
plus fortes : nous attendons, chez nous, l’arme au
pied, l’agression. Sans doute le chancelier Hitler —
si l’on en croit sa presse ou celle de son alliée -—
n’éprouvera, le cas échéant, aucun déchirement de
conscience, pour « peser » quel peut bien être le
véritable agresseur, car, en droit « dynamique »,
attaquer peut être synonyme de se défendre; mais
les autres nations du Monde ne s’y tromperont pas.
Le Comité de l'Afrique française a traduit le sen
timent général dans un vœu, émis le 29 décembre,
qui a été présenté au Président de la République
et aux membres du Gouvernement :
Considérant
qu’invoquer, comme le fait continuellement la
presse italienne, à l’appui des revendications dont
elle est l’instrument, un changement d’équilibre in
tervenu depuis 1935, est simplement déclarer une
politique de force dont les exigences ne manque
raient pas de se renouveler à mesure qu’elles obtien
draient des satisfactions ;
qu’elle nous donne par là une raison impérieuse de
nous refuser à rien ajouter aux concessions faites
en Tunisie, à Djibouti et ailleurs en 1935, conces
sions qui étaient à l’extrême limite de ce que nous
pouvions accorder, même à l’époque où il s’agissait
de faciliter l’association de l’Italie et la préserva
tion de l’indépendance de l’Autriche, et par les
quelles M. Mussolini déclarait encore à la fin de 1936
(1) A l’exclusion toutefois des misérables “ excroissances ” si
gnalées dans notre numéro de décembre. Elles n’ont pas disparu.
La propagande allemande ne ralentit ses efforts dans aucun do
maine. Nous aurons sans doute à y revenir.
préparé de longue main car tout au long de ces
semaines de gestation, la même contradiction s’esl
fréquemment fait jour dans les divers journaux
allemands. Tandis que les « vieux journaux », ceux
d’avant 11)14, la Koelnisclie ou la Frankfurter Zei-
tnng par exemple, spécialement destinés aux lec
teurs étrangers et surtout britanniques, marquaient
parfois une extrême froideur pour les revendica
tions italiennes, les journaux du parti, Voelkischer
Beobachter en tète, prenaient à leur compte la
cause du Comte Ciano. Tout dernièrement ce jour
nal comparait la France à Carthage. Mais de même
que les "services de propagande allemands éprou
vèrent, dit-on, le besoin d’atténuer la phrase du
chef, de même, à la veille de son discours, le
Beobachter nous expliqua qu’il ne fallait pas
prendre en trop mauvaise part sa comparaison
punique.
Tout cela est d’autant plus troublant que les pas
sages « clairs » du discours hitlérien ne sont pas
moins contradictoires : d’une part on affirme que
la question du retour des colonies allemandes au
Reich ne saurait, à elle seule, provoquer une
guerre, mais de l’autre on n’en affirme pas moins
que les « inégalités » qui ne seront pas corrigées
de bon gré le seront par la force.
Il est infiniment probable que toutes ces ma
nœuvres insolites n’ont d’autre but que de nous
« allécher ». On continue à menacer, mais on veut
nous faire comprendre que les dés de fer ne sont
pas encore jetés, s’ils sont sur le point de l’être,
qu’il y a encore une possibilité d’échapper à la ca
tastrophe, que si nous faisions preuve d’un peu de
« bonne volonté », d’un peu de « réalisme », tout
pourrait encore s’arranger. On escompte ainsi, en
travaillant nos nerfs, diviser notre opinion, diviser
l’opinion anglaise, nous fatiguer, nous excéder...
Eh quoi? Faire la guerre pour le Cameroun? Faire
la guerre pour Djibouti ? Alors que les Allemands
paraissent si prêts de s’entendre définitivement
avec nous ? Ne serait-ce pas une folie ? Une confé
rence internationale (où la France aurait tout à
perdre puisqu’elle est défenderesse), permettrait à
l’Europe de sortir du cauchemar...
Seulement rien n’est jamais définitif avec un
peuple dynamique. Le Cameroun et Djibouti, aug
mentés de toutes les anciennes colonies allemandes
et encore de la Corse et de la Savoie et même de la
Bourgogne ne résoudraient pas le problème. Tous
ces territoires, en effet, ne suffiraient pas à nour
rir les innombrables millions d’Allemands et d’Ita
liens. Le Fuhrer lui-même prend, soin de nous en
avertir et ce n’est pas là, la moindre de ses contra
dictions : Dieu, nous dit-il, n’a pas créé des peu
ples destinés à être riches et d’autres destinés à
iester pauvres; richesse et pauvreté ne sont qu’une
question de force. Dès lors à quoi bon se donner
tant de peine pour tenter d’établir de mauvais
droits ? A quoi bon, si ce n’est à « travailler » les
opinions des pays démocratiques qui ne savent pas
encore qiie « l’artichaut demande à être mangé
feuille à feuille ? »
L'unique question est donc de savoir si nous
sommes ou non assez forts. Si oui, on nous laissera
tranquilles; si non, nous sommes condamnés à
périr.
L’unanimité française
Cette force française s’affirme chaque jour da
vantage. Qu’il s’agisse de l’imposante manifestation
organisée à Douala, le 8 janvier, par la jeunesse
Camerounaise afin de réclamer VA nscbluss du Ca
meroun à la France, qu’il s’agisse du triomphal
voyage de M. Daladier qui devait plonger dans
la stupéfaction les journalistes étrangers témoins
du déchaînement de l’enthousiasme indigène —
voyage sur lequel tout a été dit — qu’il s’agisse
enfin de nos partis politiques ou de nos jour
naux (1), si ardents à s’entre-déchirer, tous, à
l’unanimité de leurs 609 représentants à la Cham
bre, sont d’accord sur un point : la France ne veut,
ni ne peut céder à la menace une seule parcelle de
son territoire; car elle sent instinctivement que
c’est à son existence qu’on en veut et que toute
cession aurait pour principale utilité de préparer
et de rendre fatal un démembrement ultérieur.
Notre position est des plus claires, partant, des
plus fortes : nous attendons, chez nous, l’arme au
pied, l’agression. Sans doute le chancelier Hitler —
si l’on en croit sa presse ou celle de son alliée -—
n’éprouvera, le cas échéant, aucun déchirement de
conscience, pour « peser » quel peut bien être le
véritable agresseur, car, en droit « dynamique »,
attaquer peut être synonyme de se défendre; mais
les autres nations du Monde ne s’y tromperont pas.
Le Comité de l'Afrique française a traduit le sen
timent général dans un vœu, émis le 29 décembre,
qui a été présenté au Président de la République
et aux membres du Gouvernement :
Considérant
qu’invoquer, comme le fait continuellement la
presse italienne, à l’appui des revendications dont
elle est l’instrument, un changement d’équilibre in
tervenu depuis 1935, est simplement déclarer une
politique de force dont les exigences ne manque
raient pas de se renouveler à mesure qu’elles obtien
draient des satisfactions ;
qu’elle nous donne par là une raison impérieuse de
nous refuser à rien ajouter aux concessions faites
en Tunisie, à Djibouti et ailleurs en 1935, conces
sions qui étaient à l’extrême limite de ce que nous
pouvions accorder, même à l’époque où il s’agissait
de faciliter l’association de l’Italie et la préserva
tion de l’indépendance de l’Autriche, et par les
quelles M. Mussolini déclarait encore à la fin de 1936
(1) A l’exclusion toutefois des misérables “ excroissances ” si
gnalées dans notre numéro de décembre. Elles n’ont pas disparu.
La propagande allemande ne ralentit ses efforts dans aucun do
maine. Nous aurons sans doute à y revenir.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.55%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.55%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 9/52
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32016577/f9.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32016577/f9.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32016577/f9.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32016577
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32016577
Facebook
Twitter